CULTURE
Eliasse et M'Toro Chamou au Bisik : énergie, passion et partage !
Publié le 18 juin 2018
Samedi 16 juin, le Bisik accueillait Eliasse et M'toro Chamou - Officiel pour une soirée électrisante. L’occasion de célébrer la culture comorienne dans toute sa modernité et par la même occasion, hasard du calendrier, la fin du ramadan en musique ! Une soirée particulièrement rythmée placée sous le signe de l’énergie, de la passion et du partage qui a enflammé un public sous le charme de deux artistes d’exception.
C’est Eliasse, originaire de Grande Comore et promoteur du Za N’goma, qui avait la charge d’ouvrir le « bali » de cette soirée aux rythmes métissés. Accompagné du belgo-marocain, Garti Moadib, à la basse, et de Jimmy B de Madagascar à la batterie, l’artiste inspiré et engagé nous a entrainé au long cours d’un voyage musical riche en découvertes.
Eliasse marie les langues de son enfance, chante l’amour, la politique et le quotidien de peuples arc en ciel… Il nous emporte comme le vent vers un ailleurs lointain et pourtant si proche.
Son énergie transperce le public qui se met à danser… Sambé, shigoma ou igwadou (des danses traditionnelles comoriennes). À moins que ce ne soit le maloya… Car la fusion de sa musique se retrouve aussi dans le son si particulier que l’artiste a créé. Eliasse joue de la guitare, bien sûr, mais aussi du Merlin (instrument à cordes à découvrir), du kayamb, de la bouteille de bière (sic) dont le son ressemble à celui d’un sifflet Ouzbek oublié lors d’un concert et remplacé depuis… Des sonorités du monde pour un concert bercé par les influences multiples (traditionnelles mais aussi Blues, Rock, funk ou jazz) du chanteur qui n’a laissé personne indifférent.
Une première partie de soirée vraiment originale qui a donc permis à bon nombre de spectateurs de découvrir Eliasse et son talent à l’état pur dont on n’a pas fini d’entendre parler.
** Talents à l’état pur **
À peine le temps de reprendre nos esprits, que M’Toro Chamou s’emparait de la scène du Bisik avec sa fougue habituelle. Accompagné de Miguy Petrel (2ème voix), Didier Dijoux à la batterie et Johan Saartave à la basse le ton était donné ès les premiers accords.
L’auteur, compositeur et chanteur iconique de l'archipel des Comores, (originaire de Mayotte) a en effet allumé le feu de la passion musicale dès le premier titre en forme de « Revolution » tiré de son dernier album « Punk Islands ».
Si à travers ses textes il chante le mal de son archipel, M’Toro Chamou n’oublie jamais son amour pour la culture de son île et son espoir d’un monde meilleur, ici et ailleurs.
Avec sa voix unique, intense, notre homme distille ses compositions puissantes avec enthousiasme. Il est habité par une douce folie et une rage hypnotique et communicative.
Une fois de plus le public du Bisik se met à danser et Eliasse le premier. Il répond aux exhortations du chanteur avec bonheur. Lève les mains et chante !
Ce concert est un moment de pure émotion où la magie et la force de la parole affirment le style de cet authentique Punk, sorte de blues rock, qu'il nourrit de rythmes insulaires spasmodiques, de reggae, de mélodies fortes et de messages rageurs. Celui qui s'est baptisé comme les anciens esclaves en fuite exorcise le mal-être de son archipel par le partage, l’amour et la transe.
Et le duo improvisé avec Eliasse en fin de concert sur un des anciens titres de M’Toro Chamou ne démentira pas ce crédo ! Une belle image de fraternité et un sentiment de communion qui a submergé le public, une fois de plus !
Texte : Bisik